C’est à vous que j’aimerais écrire aujourd’hui. À vous, mes enfants, que je souhaite livrer un petit héritage de vie, car on ne sait jamais quand passera le dernier train... Message que j’aimerais ouvrir comme une fenêtre par laquelle on fait entrer l’air léger, accompagnant autant que faire se peut l’élan qui les habite aujourd’hui, et qui se nourrit chaque jour un peu plus de leurs découvertes. Voici donc ce que j’aimerais chuchoter à l’oreille de Théo, Sacha et Laé chaque jour de leur vie que j’espère longue et riche de rencontres, de passages, d’éblouissements…
La vie sera toujours grise, avec des nuances et des degrés de lumière plus ou moins marqués. Sache toujours observer les reflets qu’elle dévoile, remarque l’ombre mais sans t’y attacher, et reste du côté de la lumière quand il s’agira de te mettre en route. Tu iras ainsi plus loin, conscient du sombre qui fait jouer le clair. L’espoir est ce vent qui chassera tes nuages intérieurs quand ils seront trop nombreux et alourdiront ton horizon. Nourris-le toujours, et chéris-le comme l’enfant que tu gardes au fond de toi.
Tu es venu au monde avec des talents, des défauts, des rires et des peurs. Prends le tout et sers t’en pour apprendre. Chaque trait qui forme ton visage te fait ressembler à celui que tu es, que tu l’apprécies ou pas. Reconnais et cultive tes talents, apprends à faire des forces de tes failles, aime ces côtés excessifs que tu abrites tout en tâchant de les dompter au fil du temps.
Les gens qui croiseront ta route seront autant de professeurs tout au long de ta vie. Qu’ils te portent plus haut ou t’abaissent, ne donne à aucun le droit de te dire, jamais, qui tu es. Tu auras toujours le pouvoir d’apprendre d’eux ce dont tu as besoin, à ton rythme et à ta manière. Laisse les donc te montrer ce que signifie être humain, tu es plus proche de chacun d’eux que tu ne le crois. Et rappelle toi que chacun a le droit inaliénable de dire qu’il fait partie de l’humanité. Pas d’exception.
La nature sera à jamais ton havre, pour peu que tu lui laisses toujours une place dans ton paysage. Crois en elle, tu ne seras jamais déçu et, comme la vie, elle se montrera plus surprenante et intelligente que tu pourras jamais l’imaginer. Respecte la, et tu vivras dans une harmonie vibrante, une respiration après l’autre.
Cultive le doux et le bon en toi. C’est le seul moyen que tu auras jamais de te sentir en paix. Appelle la solitude et fais lui une place dans ton temps, si chargé soit-il. Elle est le gage d’un chemin de sagesse, et le repos d’une âme fatiguée lorsque tu sens que tu perds pied soudain. Observe les merveilles de mouvements que ton corps parvient à déployer, ressens chaque jour de la gratitude pour sa fidélité, et fais en sorte de le traiter avec douceur jusqu’à ce que tu le quittes.
Le monde présentera toujours des ambiguïtés, des impasses et des tentations sans fin. Sache définir la route que tu choisiras de suivre, sans laisser d’autres t’imposer leur chemin. Reste conscient que chacun fait ses choix, et que les tiens pourront te rendre heureux ou contribuer à te blesser. Chaque personne aspire au bonheur, mais les moyens qu’elle emploie dans ce but constituent un obstacle ou la voie vers une forme de joie. Il t’appartient de décider ce qui te fera grandir et avancer dans la lumière, ou cheminer dans la souffrance. Tu es seul maître à bord. Tu peux écouter ce que les autres te renvoient, mais c’est à toi qu’il revient de fixer le cap au moment de mettre les voiles.
Rappelle-toi que l’erreur est un moyen d’apprendre, et que la vie se chargera toujours de te montrer ce qui t’aidera à être heureux. Apprends à lire les signes, à découvrir les portes qui s’ouvrent. Et ne passe pas trop de temps à pleurer sur celles qui se referment. Toutes ne peuvent rester ouvertes en même temps… question de courants d’air !
Si tu ne sais plus où se trouve ton nord intérieur, ta boussole précieuse qui, elle, sait où se trouve ton soleil, écoute, regarde autour de toi. Mais surtout, reviens en toi même pour écouter encore. N’oublie jamais que cette vie qui passe ne se soucie pas que tu l’aies regardé passer ou non. Elle se contente d’être. Et passant trop de temps à faire, tu en oublieras que tu respires. La vie sera partie avant que tu aies pu te retourner pour se souvenir que tu ne l’as pas connue. Ainsi, seuls comptent les mots que tu diras en mourant. Souhaites-tu dire alors des mots amers ? Des regrets, des rires ? Une sérénité à te dire que tu as vécu en aimant pleinement tous ceux que tu as choisi d’aimer? Chaque jour, tente de savoir quelle sera cette dernière phrase, et reste fidèle, dans les choix que tu fais, à ce que tu souhaiteras dire alors.
Et puis quand tu tomberas, peu importe la raison, prends le temps de te relever. Lorsque tu seras prêt, lève la tête, et remets toi debout. Tu perdras une partie de toi, mais écoute longuement la leçon qui vient de t’être donnée. Les deuils joncheront le chemin sur lequel tu marcheras, fais-en un tapis doux qui te permettra de ralentir, dans ces moments de fatigue et de doute. Pour apprendre à gagner, il faut savoir perdre. Pour savourer le bonheur de rire, il faut avoir pleuré.
Voilà, je serai toujours là pour recueillir les larmes et les rires selon ce qui viendra. Vivante ou morte, je resterai là, à vos côtés, applaudissant vos victoires et pleurant avec vous vos chagrins. Petite fille, je rêvais d’avoir une grappe d’enfants et de vivre avec eux des aventures sans fin. Ces 23 dernières années avec vous ont été magiques, et la petite fille que j’étais n’imaginait pas tout le bonheur que c’est de vous avoir comme enfants.
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